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Sommaire |
Même si une histoire de la Pensée ne doit pas mentionner autant d'événements
qu'une Histoire politique, elle doit rappeler les événements qui ont eu une
influence sur l'évolution des mentalités.
Pour faciliter la compréhension de ce contexte, nous allons souligner sept
contrastes car "on ne peut apprécier qu'en comparant" selon la remarque très
juste de LÉVI-STRAUSS.
SEPT CONTRASTES
I. INFLUENCES DE L'EMPIRE ROMAIN
Jusqu'en 410, le contraste, la différence avec la fin du XXe siècle c'est
l'absence des libertés auxquelles nous sommes habitués. Pendant les quatre
premiers siècles de cette période, il n'y a pas d'élections périodique mais la
monarchie absolue de l'empire romain qui, jusqu'en 313 persécute les chrétiens
et qui ensuite, progressivement va imposer la foi chrétienne. Il y a un droit,
il n'y a pas de libertés.
Fondée, dit-on, en 750 avant le Christ, la ville de Rome avait progressivement
dominé l'Italie, vaincu Carthage en Afrique du Nord en 202 avant Jésus Christ,
contrôlé la Grèce en 196 avant Jésus Christ.
César, après avoir conquis la Gaule, centralise le pouvoir, mais il est
assassiné en 44 avant Jésus Christ. Octave, son neveu, reçoit le nom d'Auguste
en 27 avant Jésus Christ, instaure l'empire et règne pendant 44 ans.
Lui et ses successeurs vont imposer partout la langue latine et le droit romain
tout en adoptant la culture et la philosophie grecques. Trois courants religieux
vont coexister : l'animisme dans les campagnes, la religion officielle des dieux
de Rome dans les villes et un peu partout l'ésotérisme initiatique des religions
orientales qui proposent un salut rituel, automatique et définitif. L'ordre
politique de l'empire romain et la facilité des communications favorisent
également la transmission rapide de la Révélation
évangélique. Il faut cependant distinguer trois périodes dans la relation entre
le christianisme et l'Empire romain.
1/ Il y a la période des PERSÉCUTIONS parfois locales, parfois
variables selon les autorités, générale en 303-304 avec Dioclétien.
- Pour réagir aux persécutions sont rédigées les APOLOGIES
qui défendent la foi chrétienne auprès des empereurs.
Ce sont les PREMIÈRES
EXPRESSIONS de la foi par des philosophes convertis.
- Autre réaction : la mort des MARTYRS qui dans une "Histoire
de la Pensée" mérite une place exceptionnelle. Des hommes choisissent ce qu'ils
croient être le VRAI BONHEUR et préfèrent mourir plutôt que de changer de
convictions. Au moins trois noms méritent d'être cités :
a/ IGNACE d'ANTIOCHE (mort en 110).
Les lecteurs qui veulent lire directement des textes chrétiens très anciens
peuvent lire ses lettre dans l'Office des lectures (2e dimanche, 10e lundi et
mardi,
16e dimanche,
etc...)
b/ POLYCARPE de SMYRNE (155) (26e
semaine)
c/ JUSTIN (100-165) dont nous
parlerons, car il est le premier philosophe devenu chrétien.
2/ Il y a la période de TOLÉRANCE qui commence en 313 avec
l'empereur Constantin qui se convertit, tolère l'Église, mais veut la contrôler
en organisant le concile de Nicée (325). Il déplace la capitale de l'Empire à
CONSTANTINOPLE (=BYZANCE = ISTANBUL), son neveu Julien, devenu empereur déclare
que sa conversion n'était pas libre, quitte le christianisme, propage la
philosophie grecque mais refuse de persécuter les chrétiens car, dit-il, "les
erreurs sont dues à la bêtise plutôt qu'à la méchanceté".
3/ Il y a la période du CHRISTIANISME IMPÉRIAL. Julien
n'est qu'une parenthèse. Ses successeurs, non seulement sont chrétiens
mais en 392, l'empereur Théodose interdit les cultes païens et les hérésies
condamnées par les conciles. En 529, l'empereur Justinien va plus loin. Il ferme
les Université philosophique d'Athènes et ordonne la destruction des livres de
philosophie. Certains textes ont totalement disparu. Heureusement, dans les
territoires qui ne sont pas soumis à l'empereur, ces textes vont être recopiés
pendant des siècles et les Arabes vont les transmettre de nouveau à l'Europe
vers 1200 !!! ( voir PC6
1200-1300)
Un épisode particulièrement choquant de la persécution des philosophe est le
meurtre par une foule de chrétiens de la femme du philosophe d'Alexandrie :
HYPATHIE (370-415).
Certes, toutes les sociétés anciennes ont tendance à imposer une seule et même
doctrine officielle à tous les membres et cela a encore été le cas avec le
marxisme-léninisme jusqu'en 1989 même en Europe.
Mais cette contrainte avait été condamnée par Jésus et toutes les violences des
chrétiens sont donc des infidélités à la Révélation Évangélique.
Contre la Médiocrité, la réaction des
moines.
Pendant ce temps, la faveur des autorités provoque des conversions massives et
entraîne une médiocrité inévitable.
Une RÉACTION qui doit également être soulignée, dans une Histoire de la Pensée,
c'est le MONACHISME. Nous trouvons ici les éléments constitutifs de l'esprit
philosophique : ne pas suivre la majorité, savoir se séparer, pour être fidèle à
un CHOIX RADICAL. La sixième partie de ce chapitre résume l'histoire du
monachisme. Mais dès à présent, un nom doit être mentionné : ANTOINE
d'ÉGYPTE (252-218)
II. L'ANARCHIE
DES MIGRATIONS (410-800)
Entre 410 et 800 ou même 1550, la deuxième différence avec la fin du XXe
siècle, c'est l'anarchie des invasions successives
de l'Europe par des peuples moins développés, ce qui constitue un autre
contraste avec notre revendication du respect du droit national ou
international.
La première date choisie est la destruction de la ville de Rome en 410 par les
GOTHS. Cet événement qui avait semblé impensable par les hommes de cette époque
n'est qu'un épisode d'une succession d'invasions par des peuples moins
développés mais plus courageux que les Romains.
Peu à peu, tous les pays d'Europe qui avaient été civilisés par Rome régressent
dans tous les domaines de la culture. Les européens ne savent plus travailler la
pierre, les écoles sont fermées, on n'apprend plus à lire, à copier les textes,
la violence pure règne partout.
Le roi des Francs, CLOVIS, reçoit le baptême catholique en 496 et son influence
fait reculer la prédominance des Ariens dont nous parlerons au chapitre 4ème.
(voir PC4 -
Ve partie)
En 622 c'est le début de l'Islam qui sera présenté dans la 3e partie de ce
chapitre.
De 800 à 1200 une autre forme d'invasion entraîne des conséquences graves, celle
des Vikings ou Normands, navigateurs scandinaves qui dominent plusieurs
régions, la Normandie, l'Angleterre, la Sicile. C'est l'insécurité un peu
partout.
Il y a ensuite les invasions des MONGOLS dans toute l'Asie, mais aussi en
Europe avec un nom célèbre : Gengis Khan (1167-1227)
Puis se sera les TURCS avec Tamerlan (1363-1405) et enfin un clan de Turcs
appelés Ottomans avec Soliman le Magnifique (1521-1566) qui contrôle l'Europe
balkanique. C'est cette invasion de l'Islam turc qui explique en partie les
guerres dans l'ancienne Yougoslavie depuis 1991.
Seconde évangélisation
Les premières invasions semblent détruire les résultats de la première
évangélisation qui avait été faite dans le cadre de l'empire romain. La seconde
évangélisation est l'oeuvre d'abord des moines et ensuite de quelques rois qui
entraînent derrière eux leurs peuples. Voici une liste de noms et de pays.
Tout d'abord les moines abandonnent leurs monastères, deviennent évêques et
missionnaires : Patrick (390-461) pour l'Irlande; Germain (496-576) pour la
Gaule; Augustin de Cantorbéry (605) pour l'Angleterre; Colomban pour l'Écosse;
Boniface (680-754) pour l'Allemagne, Cyrille (827-869) et Méthode (825-885) pour
les pays slaves; Ancharie (801-865) pour le Danemark et la Suède.
Ailleurs, ce sont les rois qui entraînent leurs peuples comme Mieszko 1er pour
la Pologne en 966, Vladimir I pour l'Ukraine-Russie en 989 et Etienne I pour la
Hongrie en l'an 1000.
III. L'IMPORTANCE
ANCIENNE ET ACTUELLE DE L'ISLAM (622)
Une troisième différence, un troisième contraste de cette deuxième partie de
l'Histoire de la Pensée avec la fin du XXe siècle est l'emploi de la violence,
plus exactement la succession des guerres religieuses.
Une nouvelle religion, l'ISLAM qui s'adressait d'abord aux arabes, est même
propagée dès le début par la guerre sainte qui est encouragée dans le
livre saint : le CORAN.
Cette idée de guerre sainte contamine les chrétiens qui organisent les
croisades.
Plus tard, lorsque les chrétiens se séparent en plusieurs églises, ont lieu les
guerres de religions entre disciples de Jésus.
En 1996, le devoir de neutralité religieuse des autorités politiques
s'impose d'une manière plus ou moins rapide dans les diverses régions du monde.
Il y a donc une grande différence entre le contexte de la fin du XXe
siècle et celui de cette époque.
Pour comprendre l'Histoire de la Pensée pendant les siècles que nous étudions,
il ne faut pas oublier que la différence des croyances constitue à cette époque
des murs presque infranchissables et que pendant mille ans, entre 500 et 1500,
les cultures ont très peu de contacts entre elles.
Cela dit, il nous faut à présent prendre connaissance de cette foi musulmane, de
son fondateur, des réponses qu'elle apporte à son tour à nos cinq
questions. Puisque nous avons renoncé à une neutralité illusoire, nous pouvons
proposer une appréciation des aspects positifs et des aspects négatifs de
l'Islam et donner quelques repères historiques jusqu'en ce jour de septembre
1993, avec un panorama géographique sommaire. Enfin quelques hypothèses seront
avancées à propos des croisades.
A. MAHOMET
- Né en 571, orphelin pauvre d'une tribu nomade de la Mekke, Mahomet (Muhammad
en arabe) se marie avec la femme qui l'a embauché. Influencé sans doute par le
monothéisme radical des juifs et des Perses et de certaines sectes chrétiennes
qui avaient rejeté la divinité de Jésus, il a l'intuition très forte,
mystique même de l'UNICITÉ, de la TRANSCENDANCE et de la TOUTE
PUISSANCE DE DIEU. Cela provoque en lui une indignation prophétique violente
contre le polythéisme de ses compatriotes. Il exprime sa colère dans une
violente poésie.
- En 622, après avoir rassemblé ceux qui croient au CORAN (en français
récitation) et qui à cette époque se prosternent vers JÉRUSALEM, il émigre (en
arabe hégire) à Médine. C'est à cette date que débute le calendrier du
musulmans et non avec la naissance de Jésus. A Médine, Mahomet révèle ses dons
politiques, militaires et diplomatiques. Peu à peu il élimine les groupes juifs
avec lesquels il avait fait alliance et force les chrétiens qui ne se
convertissent pas, à se soumettre.
- A partir de 630, il gagne la guerre qui l'opposait à la ville de la Mekke et
impose militairement l'Islam à toute l'Arabie.
Il supprime la coutume de la razzia et dirige l'humeur guerrière des arabes vers
l'extérieur. Il proclame qu'Abraham est le père des Arabes et qu'il est à
l'origine de la Ka'aba. Il meurt en 632. Cent ans après, les musulmans qui ont
conquis toute l'Afrique du Nord et l'Espagne sont enfin arrêtés en France à
Poitiers.
LE CORAN
Le texte du "Coran-Récitation" est fixé très longtemps après la mort de Mahomet.
J'ai fait l'expérience d'une lecture intégrale de ce livre sacré des
Musulmans. Il est probable que très peu de non-musulmans auront la patience
de faire cette lecture intégrale qui peut avoir deux résultats :
- Reprendre conscience de la toute puissance et de la transcendance de Dieu qui
est affirmée dans l'Évangile (Luc 17/7-10) mais qui en cette fin du XXe siècle
semble oubliée par les chrétiens qui soulignent d'une manière unilatérale sa
bonté (Luc 15).
- Mais d'autres part, une lecture intégrale du Coran et des quatre Évangiles
peut suffire, je pense, à CHOISIR.
Voici les réponses de l'Islam à nos cinq questions.
B. LES CINQ RÉPONSES
1° ÉPISTÉMOLOGIE CORANIQUE
"L'intelligence humaine peut-elle atteindre le vrai ?" - Oui, car tout est écrit en arabe dans le Coran copié mot à
mot sur "le Coran glorieux écrit sur une table gardée" 85:22. Aucune distinction
des domaines n'est supportée. Cependant un passage du Coran présente des traces,
des doutes de Mahomet concernant la véracité du Judaïsme, du christianisme ou de
l'Islam. Ce passage semble gêner les musulmans car il s'oppose au formalisme de
certains d'entre eux.
Coran 5 : 48 B
"Si Dieu l'avait voulu, il aurait fait de vous (juifs, chrétiens, musulmans) une
seule communauté. Mais non. Il a voulu éprouver par le don qu'il vous a fait.
Cherchez à vous surpasser les uns les autres par de bonnes actions. Votre retour
à tous se fera vers Dieu. C'est alors qu'il vous éclairera au sujet des
différences de croyances".
Cela veut dire en clair que ce texte envisage que ce soient les juifs ou les
chrétiens qui seront alors approuvés !
2° ONTOLOGIE CORANIQUE
Ce qui domine en ontologie c'est une incessante et écrasante affirmation de
l'unicité, de la séparation et de la toute puissance de Dieu.
Conséquence de cette excessive insistance : Refus de la Trinité, de
l'Incarnation et de la croix. Voici quelques citations :
Coran 4 : 171
"O gens du livre, ne dépassez pas la mesure dans votre religion. Ne dites sur
Dieu que la vérité".
"Oui, le Messie Jésus, fils de Marie, est le prophète de Dieu, sa Parole qu'il a
jetée en Marie, un esprit émanant de Lui. Croyez donc en Dieu et en ses
prophètes. Ne dites pas "trois". Cessez de le faire. Ce sera mieux pour vous.
Dieu est unique. Gloire à Lui. Comment aurait-il un fils ?"
REFUS DE LA CROIX
Le refus de la souffrance du juste entraîne la négation de la mort de Jésus sur
la croix.
Coran 4 : 156-157
"Ils ne l'ont pas tué, ils ne l'ont pas crucifié, cela leur est seulement apparu
ainsi (158) mais Dieu l'a élevé vers Lui".
Comment tous ceux qui ont une culture historique élémentaire pourraient accepter
que, six siècle après le Christ, une nouvelle version de sa mort s'impose. Et
cela au nom du refus de la souffrance du juste alors que chaque jour partout des
justes souffrent sous nos yeux ?
DIEU ÉGARE DES HOMMES
Enfin Dieu est présenté comme organisant le malheur éternel de certains hommes.
Coran 6 : 125
"Dieu ouvre à l'Islam le coeur de celui qu'il veut diriger. Il resserre et
oppresse le coeur de celui qu'il veut égarer".
Bien sûr, on trouve également des théologiens chrétiens qui parlent de
prédestination mais en opposition avec les paroles de Jésus. Ici, c'est dans le
Livre Saint que cette méchanceté arbitraire est attribuée à Dieu.
3° ÉTHIQUE
CORANIQUE
L'éthique musulmane n'est pas une morale de bonheur ni une éthique du
Devoir connu dans la conscience mais une morale de COMMANDEMENTS INSCRITS DANS
LE CORAN. Ainsi par exemple, quatre épouses légitimes sont autorisées, Coran 4 :
3.
LE DROIT SACRÉ, la CHARIA reçoit dans cette éthique une place disproportionnée.
CINQ COMMANDEMENTS sont les PILIERS de cette éthique.
- Affirmation
proclamée de l'unicité de Dieu
- Prière
prosternée, ritualisée, tournée vers la Mekke cinq fois par jour
- Aumône
légale pour les pauvres
- Le jeûne
pendant le Ramadan
- Le
pèlerinage à la Mekke un fois dans la vie.
4° POLITIQUE
CORANIQUE
La confusion totale de la politique et de la religion, du moral et du légal,
contraste avec les distinctions des domaines qui ont été les fruits de la
distinction évangélique. Le Coran encourage la guerre sainte en 2 : 154 et
affirme que "ceux qui ont été tués dans le chemin sont vivants"!
5° ESCHATOLOGIE
CORANIQUE
Le Coran mentionne souvent l'au-delà de la mort avec la fin du monde 16 : 77, la
résurrection des morts 46 : 33, le jugement dernier 99 : 7, la récompense et les
châtiments 7 : 8 et l'immortalité future.
Les récompenses promises au paradis pour les musulmans de sexe masculin sont
très concrètes : "Nous leur donnerons pour épouses (52 : 20) des vierges
aimantes et d'égale jeunesse" (56 : 36). Des récompenses équivalentes pour les
femmes ne semblent pas prévues...
L'ISLAM et les MUSULMANS
Comme il faut savoir distinguer l'Évangile d'une part et le comportement des
chrétiens, y compris des autorités de l'Église d'autre part, ainsi il faut
savoir distinguer le texte du Coran dont plusieurs éléments sont déterminés par
une mentalité archaïque et la qualité de vie de certains musulmans. Il y a eu de
grands mystiques dans l'Islam. Exemple au 10e siècle AL HALLAJ parle de son
union avec Dieu en des termes audacieux : "Je suis devenu Celui que j'aime et
Celui que j'aime est devenu moi". Mais justement ces témoignages d'union
mystique avec Dieu s'opposent au Coran. Al Hallaj est donc condamné à mort et
exécuté. Par contre, chez certains marabouts d'Afrique, on trouve des éléments
de magie et d'animisme.
Ainsi donc chez les musulmans concrets, il y a une variété très grande
d'attitudes et une grande différence existe entre les musulmans arabes et les
musulmans non arabes qui sont la majorité !!
C. LES CINQ RÉDUCTIONS
Les musulmans peuvent être considérés comme des modèles pour les chrétiens dans
leur respect de Dieu et la fidélité de beaucoup d'entre eux à se prosterner cinq
fois par jour devant lui.
Mais dans une Histoire de la Pensée l'Islam apparaît comme un retour en arrière,
une régression par cinq réductions :
- réduction à UN livre : le Coran qui est accepté comme réponse suffisante à
toutes les questions, dans tous les domaines y compris la politique et
l'économie.
Les peuples arabes qui veulent revenir à ce simplisme s'apercevront dans
quelques dizaines d'années qu'ils se condamnent à être dominés
par les autres.
- réduction aussi à un aspect rationnellement séduisant de l'idée de Dieu : sa
toute puissance. Mais le rejet des autres aspects inattendus révélés par
Jésus
comme l'amour et la "faiblesse" de Dieu provoque un fatalisme stérile.
- réduction de la dignité de l'homme au sexe masculin et infériorisation de la
femme.
- réduction à une langue : l'arabe.
- réduction à une terre sainte : le Moyen Orient et à une ville : La Mekke.
D. QUELQUES REPÈRES HISTORIQUES
- 622
: début du calendrier musulman - 637
: domination guerrière de la Syrie, de l'Irak, de l'Égypte et de l'Afrique du
Nord.
-
661-749 :
prédominance des Omeyyades de Damas. Arrêt de la progression musulmane à
Poitiers.
-
750-1258 : prédominance
des Abbassides de Bagdad. Apogée de la civilisation arabe. Plusieurs philosophes
importants qui seront
mentionnés au chapitre 6 (PC6)
-
1099
: les armées européennes des Croisés reprennent Jérusalem.
-
1187
: Saladin reprend Jérusalem aux Croisés
-
1199
: début de l'expansion des Turcs Ottomans.
-
1453
: l'ancienne Byzance que Constantin avait appelée Constantinople tombe aux mains
des Turcs qui l'appellent Istanbul.
-
1520-1556 : Soliman le Magnifique
menace l'Europe.
-
1587-1830 : régence ottomane à Alger
-
1914-1918 : après la première guerre
mondiale, l'empire Ottoman est progressivement contrôlé par les Anglais.
-
1947
: les Juifs reviennent et créent l'État d'Israël.
-
1948, 1956, 1967, 1973, 1982 : guerres avec Israël
-
1981
: guerre contre l'Irak
-
13 sept. 1993 : accord entre Palestiniens et Israéliens.
Mr Rabin cite l'Ecclésiaste : "Il y a un temps pour la guerre, un temps pour la
paix".
A la fin du XXe siècle
Les musulmans sont nombreux dans les région suivantes :
- Dans les pays arabes, même s'il y a beaucoup d'arabes chrétiens et si la
majorité des musulmans ne sont pas arabes.
- Les États qui comptent les plus grosses populations musulmanes ne sont pas
arabes et pratiquent souvent un Islam plus tolérant : Indonésie 148 millions;
Bengladesh 88; Nigeria 81; Pakistan 80; Inde 70.
- L'Iran, l'Afghanistan et la Turquie également ne sont pas arabes.
- Plusieurs républiques de l'ex URSS.
E. POINTS DE VUE SUR LES CROISADES
Pendant plusieurs siècles, les chrétiens d'Europe organisent des expéditions
guerrière contre les Arabes. On les appelle des "Croisades" car les soldats
portaient une grande croix sur leurs vêtements.
Comme toutes les expéditions guerrières, les croisades ont des motifs
politiques, économiques et militaires, et des justifications idéologiques.
Trois puissances s'opposent. Chacune fait alliance alternativement avec l'une
des deux autres : l'Occident chrétien, l'Orient chrétien et l'Islam qui est
divisé en sultanats opposés. Les flottes des villes italiennes également
cherchent leurs intérêts dans ces expéditions.
Une preuve que les aspects politiques sont importants. Un pape prétend donner
les territoires byzantins à des latins et profite de l'absence d'un empereur
pour lui prendre des territoires en Italie.
Mais la justification de la guerre consiste à la présenter comme une action
visant à :
- délivrer le
tombeau du Christ,
- accomplir
un voeu qui ne peut être délié,
- mériter une
place aussi belle que celle des moines au paradis !!!
Un épisode suffit à rappeler l'Évangile : François d'Assise se présente désarmé
au Sultan Al Kamil au cours de la 5e croisade.
IV. INÉGALITÉ
FÉODALE (800-1300)
Poursuivant notre description des mentalités en soulignant les différences, nous
arrivons à l'inégalité féodale. Alors que la revendication de l'égalité des
droits est générale de nos jours, durant la seconde période de l'Histoire de la
Pensée, la société est inégalitaire.
A cause de l'insécurité des invasions, les habitants demandent protection auprès
d'un chef de guerre envers lequel ils acceptent d'être dépendant. Lui-même se
met sous la protection d'un seigneur plus puissant qui deviendra son "suzerain",
dont il devient le "vassal" et duquel il reçoit un territoire appelé "fief" d'où
est venu le nom de "féodalité". Cette inégalité devient héréditaire et on trouve
encore des descendants de ces chefs de guerre qui s'imaginent être d'une nature
supérieure, d'être de la "noblesse" !
Il faut préciser que les rois et les seigneurs donnent ainsi des territoires à
des évêques mais prétendent les nommer : en choisissant pour ces évêchés des
membres de leur famille ! Un aspect positif de cette mentalité peut cependant
être signalé, l'idéal de la chevalerie : ces seigneurs devant pratiquer des
vertus spéciales : être courageux, spécialement à la guerre, fidèles à leurs
promesses, soumis à leur suzerain, soumis à l'Église, disponible pour aller
combattre les non chrétiens !
V. LA "CHRÉTIENTÉ"
Le mot chrétienté a eu plusieurs significations
comme le signale Etienne Gilson dans "La philosophie au Moyen Âge" Payot 83 p
253.
Nous ne retiendrons ici qu'une organisation de la société avec cinq
caractéristiques.
1. En principe tous les membres de cette société doivent être catholique. Le
lien social dans les sociétés anciennes doit entraîner un lien doctrinal. C'est
en fonction de cette mentalité ancienne générale qu'il faut situer les tribunaux
de l'inquisition qui recherchent tous ceux qui n'acceptent pas un point de la
doctrine officielle de cette société. Cette infidélité à l'Évangile
culmine sans doute avec la croisade contre les Albigeois en 1209. Pour
comprendre la pression que pouvait exercer l'Église à cette époque, il faut se
rappeler que les ecclésiastique, les religieux et les religieuses constituaient
parfois 20% de la population.
2. Non seulement tous les membres de la société doivent être catholique, mais
ils le sont dans tous les aspects de la vie. Le "christianisme" est
devenu un système complet mais dans lequel des éléments animistes sont intégrés
en contradiction avec les Évangiles.
3. Autre caractéristique : tous les habitants sont en principe soumis à une
seule autorité, celle du pape. En fait, pendant certaines périodes, le pape
n'est qu'un pauvre homme désigné par l'empereur. La situation va être
transformée avec le pape Grégoire VII qui va se situer au -dessus de l'empereur.
4. Ce sont les autorités ecclésiastiques qui transmettent les connaissances
antiques qui n'ont pas été perdues.
5. Les ASPECTS POSITIFS de cette organisation de la société doivent être
rappelés même si nous pouvons penser à juste titre qu'il n'y avait pas à cette
époque suffisamment de possibilités de CHOISIR ses convictions et son
comportement.
- c'est cette société qui va recopier
le texte de la RÉVÉLATION ÉVANGÉLIQUE même si elle ne la mettait pas en
pratique.
- Elle a aussi enseigné LA DIGNITÉ DE
LA PERSONNE ET DU PAUVRE.
- Elle a formé de GRANDS SAINTS dont
les livres, jusqu'à nos jours peuvent nous aider à trouver le vrai bonheur.
LES CATHÉDRALES
De nos jours, les Européens peuvent découvrir des témoins qui assurent que la
chrétienté était surtout une société harmonieuse : ce sont les
cathédrales. Des populations entières consacrant pendant des dizaines et des
centaines d'années du temps et de l'argent pour bâtir ces lieux de prière dont
la beauté unique est évidente même aux yeux des foules qui ne sont spécialisées
ni en art ni dans les connaissances spirituelles. Le Mont Saint Michel est plus
visité que le Louvre de la Renaissance.
Un artiste japonais célèbre LÉONARD FOUJITA qui était bouddhiste, a été
conduit à devenir chrétien par l'intuition d'un vrai bonheur suggéré par les
cathédrales du Moyen-Âge : "partout flèches, clochers, voûtes dressées,
emportées vers le ciel".
VI. LE RÔLE PRÉPONDÉRANT
DES MOINES
Encore une différence que l'on peut signaler pour comprendre les sociétés de
l'époque que nous étudions : les moines y jouent un rôle prépondérant
alors que les sociétés modernes sont de plus en plus dépourvues de convictions
fortes.
Comme je l'ai signalé plus haut, le radicalisme du moine est une
attitude profondément philosophique puisqu'elle consiste à CHOISIR VRAIMENT UNE
SOURCE DE BONHEUR non seulement en la préférant aux autres mais encore en
excluant les autres dans une certaine mesure.
Empressons-nous de rappeler que le monachisme n'est pas chrétien mais universel
puisqu'il existait chez les hindouistes, les bouddhistes et les juifs de Qumran
avant la venue de Jésus. Mais le monachisme peut être vécu également dans le
cadre de la foi évangélique.
En tous cas, Jésus avait parlé d'un célibat consacré (Mt 19/11-12) de même que
Paul (1Cor 7/32). Jésus s'était retiré au désert pendant un temps.
Le monachisme chrétien est né, semble-t-il comme une réaction à un christianisme
officiel sans ferveur.
Ce sont des mots grecs qui sont à l'origine du vocabulaire monastique :
Anachorea signifie se retirer dans la solitude. Érémos signifie désert.
Koinobion désigne la vie en commun. Monasterion : endroit où l'on vit seul.
Laurai : colonie.
Voici quelques repères historiques et quelques noms. On remarquera que cette
histoire du monachisme est faites de fondations, de décadences, et de réformes.
Jamais nulle congrégation ne se maintient, sans faiblir dans la fidélité à ses
origines. Toujours de nouvelles fondations se font pour RECOMMENCER.
1. Saint Antoine d'Égypte (251-356) est donc le premier nom de cette litanie.
2. Il y a ensuite les moines du désert. On peut lire avec profit "Les sentences
des Pères du désert" (abbaye St Pierre de Solesmes, Sarthe). On connaît de cette
époque la tentation des performances ascétiques ??!
3. C'est peut-être pour lutter contre cette tentation que progressivement on
passe de la forme érémitique (solitaire) à la forme cénobitique (communautaire)
avec les règles dont les trois plus anciennes sont celles de PACOME en Égypte
(286-346), de BASILE en Cappadoce (Turquie actuelle) (330-379) et celle de
BENOÎT de Nursie en Italie (480-547) (voir
PC4 X:4)
4. Puis il y a les moines qui quittent leurs monastères pour évangéliser
les nouveaux venus appelés barbares. Nous avons donné dans la deuxième partie de
ce chapitre quelques noms célèbres.
5. Ce qui a été dit de la féodalité (IV) explique la phase suivante : la
décadence. Les abbayes sont attribuées à des fils de famille noble comme des
fiefs, et cette habitude va contaminer le monachisme jusqu'à la révolution
française !
6. En 910, Cluny une abbaye est fondée en étant soustraite à l'influence des
évêque et des princes. Des abbés y réintroduisent la règle de BENOÎT. Cent ans
après la fondation, 1000 abbayes en dépendent et cette réforme permet une
réforme de toute l'Église, dans tous les domaines.
7. Cependant en 1115, Bernard qui est entré à Cîteaux, une abbaye qui a entamé
une autre réforme fonde Clairvaux et sa ferveur est tellement contagieuse qu'à
sa mort 343 abbayes sont fondées pour suivre sa règle cistercienne.
(PC5
- 9)
8. Ne faut-il pas cependant regretter que cette prépondérance des moines dans
l'évangélisation ait répandu une mentalité qui considère que la vie monastique
est la seule vie chrétienne fervente !
9. En 1209, le monachisme prend une nouvelle forme. Les évêques et les prêtres
ne remplissent plus leur devoir de prédication. Ce sont des moines d'un genre
nouveau qui créent un "réseau de prêche" parallèle au "réseau des messes". Ce
sont les moines mendiants et tout d'abord les frères prêcheurs fondés par
DOMINIQUE GUZMAN (1170-1221).
10. FRANÇOIS d'ASSISE (1186-1226) enfin est à l'origine d'une autre forme de vie
monastique qui plus tard se divise en Franciscains et Capucins et, avec CLAIRE
d'ASSISE, des monastères de CLARISSES
FRANÇOIS : L'ÉVANGILE VÉCU
Il mérite une attention tout à fait spéciale dans une Histoire de
la Pensée, non pas en fonction de livres qu'il nous aurait transmis mais parce
que sa fidélité à la RÉVÉLATION ÉVANGÉLIQUE dans son COMPORTEMENT EFFECTIF
atteint un degrés exceptionnel, unique même. Elle entraîne une TRIPLE
CONTESTATION,
- celle du capitalisme naissant par une pauvreté extrême,
- celle de la violence des Croisades par sa visite non violente au sultan
musulman.
- celle du système appelé "christianisme" par un recours à l'évangile jusqu'à la
littéralité mais dans une telle effusion de l'Esprit-Saint qu'un des plus grand
théologiens contemporains le Père de LUBAC considère cette vie de Françoise "repetitor"
de Jésus comme l'argument décisif en faveur de la foi chrétienne, plus décisif
que tous les livres !
VII. L'ORDRE
MÉDIÉVAL BOULEVERSÉ (1300-1600)
Dans les six parties précédentes de ce chapitre, nous avons souligné les
différences entre cette période et la nôtre.
Pour caractériser les trois siècles qui vont de 1300 à 1600, nous allons au
contraire les opposer aux siècles précédents que nous avons décrits rapidement
et où régnait un ordre qui va progressivement être détruit par les nationalismes
et les schismes.
1. Naissance des NATIONALISMES
Avant 1300, les habitants de l'Europe n'on pas vraiment conscience de former des
"nations". Ils sont soumis à des princes locaux et d'autre part, ils forment la
"chrétienté", où tous les intellectuels utilisent une seule langue: le latin. A
l'Université de Paris dont nous parlerons au 6e chapitre, les professeurs
viennent de partout : d'Allemagne comme Albert, d'Italie comme Thomas d'Aquin ou
de Grande Bretagne comme Duns Scot.
En 1303, Philippe le Bel se révolte contre le pape Boniface VIII et on peut
choisir cette date comme point de départ symbolique de l'affirmation progressive
du nationalisme qui va provoquer la Guerre de Cent Ans entre le roi d'Angleterre
et le roi France.
Peu à peu, chaque nation européenne va naître en s'opposant aux autres en
acceptant les ambitions de chaque roi, ces guerres nationales n'ont pas encore
pris fin en 1993, au moins dans le sud-est de l'Europe.
2. Débuts de l'EXPANSIONNISME EUROPÉEN
En 1500, il y a trois empires musulmans, celui des Turcs ottomans, celui des
Perses et celui des Mongols qui domine même l'Inde. En Amérique, il y a l'empire
Aztèque au Mexique et l'empire Inca à l'ouest de l'Amérique du sud. Mais
le pays le plus peuplé et le plus puissant c'est la Chine dont les empereurs
MING ont chassé les Mongols.
Ailleurs des peuples nombreux sont organisés en royaumes, mais n'ayant pas
encore d'écriture, ils ne nous ont pas laissé suffisamment de
renseignements sur leur histoire.
Tous ces empires vivent plutôt isolés les uns des autres.
C'est à partir de 1492, il y a 500 ans, que les nations européennes relativement
petites, le Portugal et la Castille, commencent et développent des échanges
entre les peuples avec la découverte de l'Amérique.
Pourquoi l'Europe -plutôt que la Chine ou un autre empire ?- De multiples
inventions, le levier, la traction animale, l'énergie hydraulique, le moulin à
vent ont multiplié la force physique de l'homme.
GUTENBERG met au point un alliage métallique pour l'imprimerie et la première
Bible est imprimée en 1456.
Les échanges financiers se sont multipliés grâce à l'ingéniosité de familles de
banquiers comme les MÉDICIS de Florence. On cherche de l'or et une nouvelle
route vers le Chine et l'Inde. CHRISTOPHE COLOMB découvre des "Indiens"... en
Amérique le 12 octobre 1492.
DÉPLACEMENTS MASSIFS
Dans les dizaines d'années et les siècles suivants, des déplacements massifs de
populations se produisent. Des Européens vont dominer l'Amérique et y déporter
des Africains comme esclaves.
Remarquons que cette atrocité se fait dans le cadre de la "Renaissance de
l'Antiquité païenne".
Les Européens du Sud colonisent l'Amérique du Sud. Les Européens du Nord
colonisent l'Amérique du Nord, l'Afrique du Sud et l'Australie. Les Russes
commencent leur domination au-delà de l'Oural en 1581. Il y a une émigration
indienne en Afrique.
Autre choc à signaler. Un quart de la population européenne meurt en 1347
d'une épidémie de peste !!
APPRÉCIATION ??
Peut-on de nos jours comprendre cette colonisation d'une partie du monde par les
Européens ?
Il faut constater que dans le passé, tous les pays, toutes les tribus dans
chaque pays, ont tous été "impérialistes" dans la mesure de leurs moyens.
A l'époque, personne ne parle de "droit international". C'est le dominicain
espagnol FRANCISCO DE VITORIA (1492-1549) qui fonde le "droit des nations".
Ce droit comprendra plus tard l'idée de "non ingérence" limité en 1991 seulement
par le "devoir d'ingérence humanitaire".
Tous les Européens de cette époque d'ailleurs n'ont pas le même comportement ni
les mêmes idées. Certains défendent les Indiens comme le Père LAS CASAS
(1476-1566) et plus tard des pères jésuites qui protègent les Indiens dans les
célèbres "réductions" qu'un film "MISSION" a fait connaître au grand public.
Plusieurs Européens défendent même la thèse du "bon sauvage" en oubliant que
dans tous les pays régnait également l'esclavage.
3. LES SÉPARATIONS DES ÉGLISES
LATINES
L'ordre médiéval est ébranlé par les nationalismes, par l'expansionnisme
européen mais aussi par les divisions qui déchirent l'Église latine.
Il y avait eu tout d'abord le schisme d'Occident provoqué par l'installation des
papes à Avignon (situé actuellement en France mais qui faisait partie à cette
époque des États des papes). Ils y résident de 1309 à 1378. CATHERINE de SIENNE
(1347-1380), mystique illettrée persuade le pape de rejoindre Rome. Des
circonstances diverses aboutissent à une double élection : il y a deux papes en
1378.
On en élit un autre pour faire cesser ce schisme. Il y en a trois en 1409. Cette
division cesse grâce à un concile en 1417.
- En 1439, le concile de Florence
aboutit à un mouvement d'union avec l'Église orthodoxe mais cette
réconciliation n'est pas suivie d'effets d'autant plus qu'en 1453, les Turcs
font la conquête de Constantinople.
- LES RÉFORMES ET LES SÉPARATIONS.
Dans le passé, des chrétiens fervents laïcs ou religieux avaient tout au long
des siècles RÉAGI contre les infidélités des autorités ecclésiastiques à l'idéal
évangélique. Le plus souvent, ces réactions s'étaient faites dans l'humilité et
les réformes avaient été accomplies dans la paix par la contagion de l'exemple.
Que l'on pense à Saint François d'Assise contestant l'Église dans
l'humilité.
Entre 1300 et 1600, les réactions contres les
excès de l'Église deviennent violentes et provoquent la naissance d'Églises
séparées. Quelques noms jalonnent cette succession de séparations :
. JOHN WYCLIF (1328-1384), en Angleterre affirme que seuls les chrétiens en
état de grâce font partie de l'Église et qu'un pape pécheur n'en fait pas
partie.
. JAM HUS (1370-1415), prêtre tchèque traduit la Bible, défend son pays contre
la domination allemande et propage les idées de Wyccliff. Il est condamné au
concile de Constance, et meurt sur le bûcher. Sa mort déclanche la révolte de
ses compatriotes.
. Jérôme SAVONAROLE (1452-1498), préche une réforme à Florence "Le Christ a
prêché la pauvreté, les papes ne recherchent que la richesse". Face à lui, le
pape débauché Alexandre VI réussit à le faire pendre.
. Martin LUTHER (1483-1546) (voir
PC7 -III) est un
moine augustin qui redécouvre la gratuité du salut accordé par Jésus. Le 31
octobre 1517, pour réagir à des prédications abusives sur les indulgences, il
affiche 95 thèses qui s'y opposent. Commence alors une suite de disputes qui
aboutissent à l'excommunication de Luther en 1521 et à la naissance des Églises
luthériennes. Nous reviendrons sur les convictions de Luther au septième
chapitre.
. ZWINGLI (1484-1531), lance la réforme et provoque la séparation en Suisse.
Cela conduit à des guerres et il meurt à la bataille de Kappel.
. CALVIN (1509-1564), publie le premier livre de théologie en français, crée une
république chrétienne protestante à Genève qui condamne à mort le médecin Michel
Servet. Les disciples de Calvin seront appelés huguenots en France et puritains
en Écosse sous l'influence de JOHN KNOX et ensuite dans la Nouvelle Angleterre.
. D'autre part, HENRI VIII, roi d'Angleterre est à l'origine d'une autre
division : à l'occasion de son divorce avec sa première femme, il fonde un
église nationale : l'anglicanisme.
NOUVELLE DIVISION de L'EUROPE
Nous reviendrons sur les convictions principales des réformateurs protestants
dans le cours du septième chapitre. (voir
PC7 )
Pour terminer le panorama des événements qui constituent le contexte de la
deuxième période de l'Histoire de la Pensée, il faut rappeler que les divisions
entre les Églises vont entraîner des guerres de religion ce qui constitue sans
doute, la plus grande des nombreuses infidélités des Chrétiens à l'Évangile.
Elle s'explique par la confusion de la religion et de la politique qui aboutit
au principe scandaleux fixé à Augsbourg en 1555 : "Chaque citoyen doit suivre la
religion qui domine dans sa région". En latin cela donne : "Cujus regio, ejus
religio".
On peut penser que les philosophies modernes que nous étudierons dans la
troisième période sont des réactions à cette intolérance des Églises les unes
envers les autres.
Heureusement en cette fin du XXe siècle nous vivons à une époque de pluralisme
et d'œcuménisme.
Mais dans notre étude, nous n'en sommes pas là. Il nous faut maintenant revenir
aux premières années de la Période Centrale en passant en revue dans le
quatrième chapitre les accents du Nouveau Testament, les Pères grecs, les Pères
latins avec un génie : AUGUSTIN d'HIPPONE.
suite PC chap.4-intro
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