TP
intro

                                                  
TROISIÈME PÉRIODE (1600 - 1993)
          Réductions naturalistes modernes et Pluralisme contemporain
 

 

 

Sommaire


 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

sommaire

 

UN AUTRE REGARD
Il ne nous reste plus que quatre siècles à parcourir pour achever notre survol rapide de l'Histoire de la Pensée. Cette troisième période sera présentée dans une perspective qui n'est pas très fréquente de nos jours : comme un temps de réductions et de rétrécissements de la Pensée, même si cette Période présente également des aspects positifs. Heureusement on rencontre de plus en plus souvent de nos jours des hommes qui aiment découvrir des points de vue nouveaux qui s'opposent aux idéologies dominantes.

Pour suggérer une plus grande ouverture à un regard nouveau sur la modernité, une comparaison avec les cinq regards différents sur le même bouquet de fleurs peut être parlante :
        - Le regard du financier   : "A Paris, on paie un bouquet pareil 200 francs"
        - Le regard du biologiste : " Il n'y a là que des cellules en décomposition"
        - Le regard de l'artiste    : "jamais je n'ai vu de bouquet aussi bien composé"
        - Le regard de la fiancée : "comment donc a-t-il pu deviner mes goût"
        - Le regard  du mystique : "Dites-moi où habite
                                                  Celui qui vous donne
                                                  l'être et la beauté" (Jean de la Croix)

LES CINQ POINTS DE VUE
De même plusieurs regards sont possibles sur les quatre siècles de cette Troisième Période de l'Histoire de la Pensée.

1. Scientifiquement, nous avons appris des choses, surtout durant les dernières décennie ! Cela vaut même la peine de faire un bilan en quelques lignes.
        - Même Einstein jusqu'en 1935 croyait que  notre galaxie constituait la totalité du Cosmos. Pour le moment, on parle de cent milliards de galaxies...
        - Des savants croient pouvoir dire que l'univers a commencé il y a quinze milliards d'années avec un Big Bang. La terre elle, s'est formée il y a cinq milliard d'années.
        - Puis, il y a la chronologie de la Vie. Deux milliards d'années pour les premières bactéries quatre cent millions d'années pour les plantes, 30 millions d'années pour les mammifères, un million d'années
          pour l'homme... plus ou moins...
        - Avant 1985, on enseignait que l'électron, le proton et le neutron constituaient les "briques fondamentales" de l'atome. On en est provisoirement à six quarks et six leptons, au-delà donc des anciennes
          thèses. Quatre vingt douze atomes stables peuvent former des molécules diverses, simples, complexes, organiques, qui vont entrer dans la composition des gènes, des chromosomes, des cellules, des
          tissus qui, ensemble, forment les "systèmes" (sanguin-respiratoire-nerveux etc.). Enfin, chaque organisme vivant dépend de l'environnement où règne la lutte pour la vie...
En quelques lignes ou en quelques mots si nous adoptons le point de vue des connaissances scientifiques la conclusion s'impose : la période moderne où même le siècle où nous vivons constitue le sommet de l'Histoire et la multiplication des connaissances continues...

2. Deuxième point de vue : celui de la Technique. Le progrès est encore plus tangible car si la majorité des hommes ignorent les termes scientifiques qui viennent d'être énumérés ci-dessus, ils sont nombreux à avoir vu la poignée de mains du premier ministre israélien et du chef de l'O.L.P. à Washington, le 13 septembre 1993 en direct. Ils sont encore pus nombreux à voyager en automobile. S'ils connaissaient les prouesses de la biotechnologie ! Mais justement, c'est ici que nous découvrons que le même homme peut avoir deux "regards" différents.
En 1986, le biologiste Jacques Testart qui a été le premier à réussir une F.I.V.E.T.E. en France, demande l'arrêt des expérimentations faites sur le foetus humain et s'adresse aux autorités morales et politiques pour réglementer la biotechnologie.

3. Un troisième point de vue sur les quatre siècles de notre Troisième période est celui de l'économie. Le titre d'un livre de Jean Fourastié (1907-1992) : "Les Trente glorieuses" désigne les années 1945-1975 pendant lesquelles les Européens ont vu s'améliorer leur niveau de vie plus vite que pendant tous les millénaires qui ont précédé. Mais cet économiste français, lui aussi, regardait cette même époque d'un autre point de vue dans son livre "Ce que je crois" (Grasset 1980), en constatant la perte du sens du "surréel" qui semble proche de notre "surnaturel".)

4. Peut-on trouver une mesure pour le quatrième point de vue ? Les hommes sont-ils plus heureux ? Y a-t-il un progrès du "Bonheur National Brut" comme pour le "Produit National Brut" ? On pourrait produire des statistiques.
En 1992, en France on compte 12000 suicides par an et 130000 tentatives de suicide. Tous les services hospitaliers reconnaissent qu'ils ne publient pas tous les cas. En trente ans, les admissions dans les hôpitaux psychiatriques ont triplé. La consommation de médicaments tranquillisants a été multipliée par huit et a atteint le nombre de 86 millions de boites ! Quand au chiffre de la drogue, du chômage, de la désintégration des familles, il est préférables de ne pas donner de chiffres. Ils sont tellement en progression qu'ils seront faux lorsqu'ils arriveront sous les yeux du lecteur.

5. Pluralisme contemporain.
Et pourtant s'il fallait faire un jugement global on pourrait défendre la thèse d'un progrès décisif qui s'est manifesté le plus clairement depuis la "révolution européenne" de 1989. En cette fin du XXe siècle plus que dans les siècles passés, un plus grand nombre d'hommes, dans un nombre de pays chaque jour plus grand, peut découvrir des opinions très diverses et peu CHOISIR LIBREMENT les convictions fondamentales et les comportements correspondants qui, d'après lui, peuvent lui procurer le plus grand bonheur !

LA CULPABILITÉ DES INTELLECTUELS
Si malgré les progrès scientifiques, techniques et économiques, malgré la liberté de conscience qui est mieux respectée, tant d'homme perdent courage, la responsabilité en revient à ceux dont la profession et la vocation est de proposer par leur enseignement et leur exemple une "régulation des désirs" une morale, une éthique. Il serait bien sûr injuste de les grouper tous sous une seule tendance. Mais la tendance dominante a été de RÉDUIRE l'horizon des hommes à des dimensions NATURELLES. Cette RÉDUCTION NATURALISTE qui rejette la Révélation évangélique a cependant été contestée dès  le début comme nous le verrons en étudiant PASCAL, et ensuite KIERKEGAARD, BLONDEL, MARCEL. Mais avant d'aborder tous ces auteurs, il est indispensable d'expliquer le choix du plan qui va être suivi.

ORDRE DES CHAPITRES ?
CHRONOLOGIQUE ?
On peut penses qu'une histoire de la Pensée doit suivre l'ordre chronologique. Une question suffit pour montrer que tout n'est pas aussi simple. Faut-il placer le philosophe anglais HOBBES avant DESCARTES parce qu'il est né huit ans avant lui ? ou après Descartes parce qu'il est mort vingt neuf ans après lui et a développé les tendances cartésiennes ? Mais ce n'est pas tout. L'inconvénient principal d'une succession chronologique de noms, c'est que ceux à qui l'Histoire a été présentée de cette façon, ont tout oublié ou n'en ont retenu que le souvenir d'un profond ennui.
Puisqu'il s'agit d'une première initiation je vais grouper les philosophes sous des titres plus faciles à retenir.

GÉOGRAPHIQUE ?
Certains historiens emploient l'ordre géographique. On peut ainsi découvrir que la philosophie antique est d'abord grecque et latine même si les présocratiques vivaient en Turquie et si Augustin est Africain.
Plus tard, les noms importants ont été arabes et juifs même si certains vivaient en Espagne? Au treizième siècle, le centre le plus important est Paris, même si Albert le Grand vient d'Allemagne et Thomas d'Aquin d'Italie.
La France fournit de grands penseurs, mais en dehors du cadre universitaire, comme Descartes et Pascal.
Puis c'est l'Allemagne qui donne le ton avec Kant, Hegel, Heidegger. De petits pays fournissent de grands écrivains comme la Hollande d'Érasme et de Spinoza, le Danemark de Kierkegaard.
Il ne faudrait pas oublier l'Angleterre, mais la tendance dominante y est de croire qu'à la connaissance sensible, aux expériences concrètes. Cette insistance va favoriser les progrès scientifiques et techniques mais aussi les théories épistémologiques comme le "sensualisme". Ceux qui veulent connaître ces théories pourront consulter des livres spécialisés. Enfin, l'Espagne occupait une place de choix dans le dernier chapitre de la seconde période avec la théologie mystique de Thérèse d'Avila (PC chap7-7).

ORDRE LOGIQUE
Après plusieurs modifications pendant la préparation, j'ai combiné l'ordre chronologique et l'ordre logique. Après un premier chapitre de présentation globale des quatre siècles, sont groupés dans le 2ème chapitre ceux qui, à la site de Descartes opèrent les premières réductions naturalistes.
        - Le Troisième chapitre invite le lecteur à lire périodiquement les "Pensées" de Pascal qui disqualifie toutes les réductions naturalistes qui pourront être proposées à l'avenir.
        - Dès le début de cette période également, il fallait rappeler que l'Histoire de la Pensée n'est pas réduite aux purs intellectuels rationalistes ou chrétiens et je rappelle donc le témoignage vivant des
           saints avec Vincent de Paul.
        - Le 5ème chapitre est consacré au célèbre siècle des lumières : 1700-1800 mais pas seulement aux lumières rationalistes.
        - Le 6e chapitre s'étend sur plusieurs siècles. Il rassemble les philosophes autour de Kant qui ont l'un après l'autre réduit la philosophie à l'épistémologie et, de plus, ont réduit la connaissance à une
          construction arbitraire.
        - Le 7ème chapitre passe rapidement sur le "commandant en chef de l'Histoire" : HEGEL
        - Le 8ème chapitre groupe cinq philosophes qui remettent enfin le choix éthique personnel au centre de leur réflexion : Biran, Schopenhauer, Kierkegaard, Nietzsche, Blondel.
        - Le 9ème chapitre regroupe, au long de plusieurs siècles également, ceux qui ont réduit la connaissance de la Science et ceux qui ont contesté cette réduction comme Bergson.
        - Le 10ème chapitre regroupe ceux qui ont surtout traité de politique avec  trois noms : SMITH, MARX, GANDHI
        - Le 11ème chapitre retrouve le choix éthique avec les existentialistes dont Gabriel MARCEL et SARTRE
        - Le 12ème chapitre renonce à discerner les philosophes contemporains importants et choisi trois accents pour décrire le pluralisme contemporain, l'a-moralisme, l'économisme, le personnalisme.

Je suis le premier à pouvoir montrer les inconvénients de cette présentation, mais il fallait concilier plusieurs exigences : être le plus clair possible pour une première initiation, donner un aperçu équilibré des tendances les plus diverses, ne pas dépasser les 400 pages, ne pas consacrer trop de temps à l'une de mes responsabilités, puisque je ne suis pas professeur professionnel.
Avec toutes ses lacunes, je ne proposerai ce panorama rapide à ceux qui ne peuvent, pour divers motifs, se procurer une présentation plus spécialisée.

suite TP chap1