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UN AUTRE REGARD
Il ne nous reste plus que quatre siècles à parcourir pour achever notre survol
rapide de l'Histoire de la Pensée. Cette troisième période sera présentée dans
une perspective qui n'est pas très fréquente de nos jours : comme un temps de
réductions et de rétrécissements de la Pensée, même si cette Période présente
également des aspects positifs. Heureusement on rencontre de plus en plus
souvent de nos jours des hommes qui aiment découvrir des points de vue nouveaux
qui s'opposent aux idéologies dominantes.
Pour suggérer une plus grande ouverture à un regard nouveau sur la modernité,
une comparaison avec les cinq regards différents sur le même bouquet de fleurs
peut être parlante :
- Le regard du financier
: "A Paris, on paie un bouquet pareil 200 francs"
- Le regard du biologiste : " Il n'y
a là que des cellules en décomposition"
- Le regard de l'artiste
: "jamais je n'ai vu de bouquet aussi bien composé"
- Le regard de la fiancée : "comment
donc a-t-il pu deviner mes goût"
- Le regard du mystique :
"Dites-moi où habite
Celui qui vous donne
l'être et la beauté" (Jean de la Croix)
LES CINQ POINTS DE VUE
De même plusieurs regards sont possibles sur les quatre siècles de cette
Troisième Période de l'Histoire de la Pensée.
1. Scientifiquement, nous avons appris des choses, surtout
durant les dernières décennie ! Cela vaut même la peine de faire un bilan en
quelques lignes.
- Même Einstein jusqu'en 1935 croyait
que notre galaxie constituait la totalité du Cosmos. Pour le moment, on
parle de cent milliards de galaxies...
- Des savants croient pouvoir dire
que l'univers a commencé il y a quinze milliards d'années avec un Big Bang. La
terre elle, s'est formée il y a cinq milliard d'années.
- Puis, il y a la chronologie de la
Vie. Deux milliards d'années pour les premières bactéries quatre cent millions
d'années pour les plantes, 30 millions d'années pour les mammifères, un million
d'années
pour l'homme... plus ou moins...
- Avant 1985, on enseignait que
l'électron, le proton et le neutron constituaient les "briques fondamentales" de
l'atome. On en est provisoirement à six quarks et six leptons, au-delà donc des
anciennes
thèses. Quatre vingt
douze atomes stables peuvent former des molécules diverses, simples, complexes,
organiques, qui vont entrer dans la composition des gènes, des chromosomes, des
cellules, des
tissus qui, ensemble,
forment les "systèmes" (sanguin-respiratoire-nerveux etc.). Enfin, chaque
organisme vivant dépend de l'environnement où règne la lutte pour la vie...
En quelques lignes ou en quelques mots si nous adoptons le point de vue des
connaissances scientifiques la conclusion s'impose : la période moderne où même
le siècle où nous vivons constitue le sommet de l'Histoire et la multiplication
des connaissances continues...
2. Deuxième point de vue : celui de la Technique. Le progrès est
encore plus tangible car si la majorité des hommes ignorent les termes
scientifiques qui viennent d'être énumérés ci-dessus, ils sont nombreux à avoir
vu la poignée de mains du premier ministre israélien et du chef de l'O.L.P. à
Washington, le 13 septembre 1993 en direct. Ils sont encore pus nombreux à
voyager en automobile. S'ils connaissaient les prouesses de la
biotechnologie ! Mais justement, c'est ici que nous découvrons que le même homme
peut avoir deux "regards" différents.
En 1986, le biologiste Jacques Testart qui a été le premier à réussir une
F.I.V.E.T.E. en France, demande l'arrêt des expérimentations faites sur le foetus
humain et s'adresse aux autorités morales et politiques pour réglementer la
biotechnologie.
3. Un troisième point de vue sur les quatre siècles de notre
Troisième période est celui de l'économie. Le titre d'un livre de Jean Fourastié
(1907-1992) : "Les Trente glorieuses" désigne les années 1945-1975 pendant
lesquelles les Européens ont vu s'améliorer leur niveau de vie plus vite que
pendant tous les millénaires qui ont précédé. Mais cet économiste français, lui
aussi, regardait cette même époque d'un autre point de vue dans son livre "Ce
que je crois" (Grasset 1980), en constatant la perte du sens du "surréel" qui
semble proche de notre "surnaturel".)
4. Peut-on trouver une mesure pour le quatrième point de vue ?
Les hommes sont-ils plus heureux ? Y a-t-il un progrès du "Bonheur National
Brut" comme pour le "Produit National Brut" ? On pourrait produire des
statistiques.
En 1992, en France on compte 12000 suicides par an et 130000 tentatives de
suicide. Tous les services hospitaliers reconnaissent qu'ils ne publient pas
tous les cas. En trente ans, les admissions dans les hôpitaux psychiatriques ont
triplé. La consommation de médicaments tranquillisants a été multipliée par huit
et a atteint le nombre de 86 millions de boites ! Quand au chiffre de la drogue,
du chômage, de la désintégration des familles, il est préférables de ne pas
donner de chiffres. Ils sont tellement en progression qu'ils seront faux
lorsqu'ils arriveront sous les yeux du lecteur.
5. Pluralisme contemporain.
Et pourtant s'il fallait faire un jugement global on pourrait défendre la thèse
d'un progrès décisif qui s'est manifesté le plus clairement depuis la
"révolution européenne" de 1989. En cette fin du XXe siècle plus que dans les
siècles passés, un plus grand nombre d'hommes, dans un nombre de pays chaque
jour plus grand, peut découvrir des opinions très diverses et peu CHOISIR
LIBREMENT les convictions fondamentales et les comportements correspondants qui,
d'après lui, peuvent lui procurer le plus grand bonheur !
LA CULPABILITÉ DES
INTELLECTUELS
Si malgré les progrès scientifiques, techniques et économiques, malgré la
liberté de conscience qui est mieux respectée, tant d'homme perdent courage, la
responsabilité en revient à ceux dont la profession et la vocation est de
proposer par leur enseignement et leur exemple une "régulation des désirs"
une
morale, une éthique. Il serait bien sûr injuste de les grouper tous sous une
seule tendance. Mais la tendance dominante a été de RÉDUIRE
l'horizon des hommes à des dimensions NATURELLES. Cette RÉDUCTION NATURALISTE
qui rejette la Révélation évangélique a cependant été contestée dès le
début comme nous le verrons en étudiant PASCAL, et ensuite KIERKEGAARD, BLONDEL,
MARCEL. Mais avant d'aborder tous ces auteurs, il est indispensable d'expliquer
le choix du plan qui va être suivi.
ORDRE DES
CHAPITRES ?
CHRONOLOGIQUE ?
On peut penses qu'une histoire de la Pensée doit suivre l'ordre chronologique.
Une question suffit pour montrer que tout n'est pas aussi simple. Faut-il placer
le philosophe anglais HOBBES avant DESCARTES parce qu'il est né huit ans avant
lui ? ou après Descartes parce qu'il est mort vingt neuf ans après lui et a
développé les tendances cartésiennes ? Mais ce n'est pas tout. L'inconvénient
principal d'une succession chronologique de noms, c'est que ceux à qui
l'Histoire a été présentée de cette façon, ont tout oublié ou n'en ont retenu
que le souvenir d'un profond ennui.
Puisqu'il s'agit d'une première initiation je vais grouper les philosophes sous
des titres plus faciles à retenir.
GÉOGRAPHIQUE ?
Certains historiens emploient l'ordre géographique. On peut ainsi découvrir que
la philosophie antique est d'abord grecque et latine même si les présocratiques
vivaient en Turquie et si Augustin est Africain.
Plus tard, les noms importants ont été arabes et juifs même si certains vivaient
en Espagne? Au treizième siècle, le centre le plus important est Paris, même si
Albert le Grand vient d'Allemagne et Thomas d'Aquin d'Italie.
La France fournit de grands penseurs, mais en dehors du cadre universitaire,
comme Descartes et Pascal.
Puis c'est l'Allemagne qui donne le ton avec Kant, Hegel, Heidegger. De petits
pays fournissent de grands écrivains comme la Hollande d'Érasme et de Spinoza,
le Danemark de Kierkegaard.
Il ne faudrait pas oublier l'Angleterre, mais la tendance dominante y est de
croire qu'à la connaissance sensible, aux expériences concrètes. Cette
insistance va favoriser les progrès scientifiques et techniques mais aussi les
théories épistémologiques comme le "sensualisme". Ceux qui veulent connaître ces
théories pourront consulter des livres spécialisés. Enfin, l'Espagne occupait
une place de choix dans le dernier chapitre de la seconde période avec la
théologie mystique de Thérèse d'Avila (PC
chap7-7).
ORDRE LOGIQUE
Après plusieurs modifications pendant la préparation, j'ai combiné l'ordre
chronologique et l'ordre logique. Après un premier chapitre de présentation
globale des quatre siècles, sont groupés dans le 2ème chapitre ceux qui, à la
site de Descartes opèrent les premières réductions naturalistes.
- Le Troisième chapitre invite le
lecteur à lire périodiquement les "Pensées" de Pascal qui disqualifie toutes les
réductions naturalistes qui pourront être proposées à l'avenir.
- Dès le début de cette période
également, il fallait rappeler que l'Histoire de la Pensée n'est pas réduite aux
purs intellectuels rationalistes ou chrétiens et je rappelle donc le
témoignage vivant des
saints avec
Vincent de Paul.
- Le 5ème chapitre est consacré au
célèbre siècle des lumières : 1700-1800 mais pas seulement aux lumières
rationalistes.
- Le 6e chapitre s'étend sur
plusieurs siècles. Il rassemble les philosophes autour de Kant qui ont l'un
après l'autre réduit la philosophie à l'épistémologie et, de plus, ont réduit la
connaissance à une
construction arbitraire.
- Le 7ème chapitre passe rapidement
sur le "commandant en chef de l'Histoire" : HEGEL
- Le 8ème chapitre groupe cinq
philosophes qui remettent enfin le choix éthique personnel au centre de
leur réflexion : Biran, Schopenhauer, Kierkegaard, Nietzsche, Blondel.
- Le 9ème chapitre regroupe, au long
de plusieurs siècles également, ceux qui ont réduit la connaissance de la
Science et ceux qui ont contesté cette réduction comme Bergson.
- Le 10ème chapitre regroupe ceux qui
ont surtout traité de politique avec trois noms : SMITH, MARX, GANDHI
- Le 11ème chapitre retrouve le choix
éthique avec les existentialistes dont Gabriel MARCEL et SARTRE
- Le 12ème chapitre renonce à
discerner les philosophes contemporains importants et choisi trois accents pour
décrire le pluralisme contemporain, l'a-moralisme, l'économisme, le
personnalisme.
Je suis le premier à pouvoir
montrer les inconvénients de cette présentation, mais il fallait concilier
plusieurs exigences : être le plus clair possible pour une première initiation,
donner un aperçu équilibré des tendances les plus diverses, ne pas dépasser les
400 pages, ne pas consacrer trop de temps à l'une de mes responsabilités,
puisque je ne suis pas professeur professionnel.
Avec toutes ses lacunes, je ne proposerai ce panorama rapide à ceux qui ne
peuvent, pour divers motifs, se procurer une présentation plus spécialisée.
suite
TP chap1
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