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Chap 3

                                                  

 Les philosophes grecs AVANT SOCRATE
 

 

 

Sommaire

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

sommaire

 

Sans oublier ce qui a été dit dans la Xe partie du premier chapitre sur le contexte démocratique qui a favorisé la naissance de la philosophie grecque et les deux différences avec les autres systèmes de pensée : l'expression claire et la démonstration rationnelle (exposées au début du 2e chapitre) nous entrons  désormais dans cette partie de l'histoire de la pensée qui est dominée par la pensée grecque.
Trois partie pour ces cinq chapitres.
-Tout d'abord les présocratique, c'est à dire les Philosophes grecs antérieurs à Socrate.
- Puis les 100 années marquées par trois génies auxquels seront consacré trois chapitres : Socrate, Platon, Aristote.
- Enfin ce qu'on appelle la période hellénistique, pendant laquelle un bilan réaliste est dressé : il faut renoncer à la vérité et au bonheur. Nous sommes proches du bouddhisme.

LES PRÉSOCRATIQUES
Beaucoup d'étudiants oublient les noms des philosophes antérieurs à Socrate que nous allons énumérer. Ce qui est plus important c'est de souligner les 7 leçons qu'ils nous donnent.
Auparavant il faut faire 5 remarques
1/ Leurs oeuvres ne nous sont parvenues que par des citations faites par Platon, Aristote et un compilateur vivant en 250 après le Christ, appelé DIOGÈNE LAERCE.
2/ Les dates de leur vie sont approximatives. Dans les livres spécialisés vous ne trouverez parfois qu'une date avec les deux lettres FL (son influence était FLorissante en ...). Apogée de son influence.
3/ La plupart ont été se former en Égypte, en Perse ou en Inde.
4/ Pour plusieurs d'entre eux, nous n'avons que leur réponse à la deuxième question, celle de l'ontologie (2°) ? Chacun défend une réponse à la question : "De quoi est composée réellement la matière, au-delà des apparences ?". L'un dit "Tout est eau". L'autre dira :"Tout est air" et ainsi de suite.
5/ Déjà  nous avons rencontré chez les hindous, les bouddhistes et les chinois du 2e chapitre cette méfiance envers les apparences. Ce qui est nouveau chez les grecs c'est qu'ils ne se contentent pas de ne pas accepter les apparences, mais qu'ils osent affirmer ce qu'il y a, d'après eux, au-delà des apparences.

DES EXEMPLES POUR NOUS
Les présocratiques nous donnent des exemples à suivre.
1/ ne pas admettre trop facilement une opinion.
2/ Ne pas faire confiance trop vite à nos sensations.
3/Ne pas suivre facilement l'opinion générale ou celle d'un professeur célèbre.
4/ S'étonner de tout y compris de ce qui est "naturel".
5/ Poser des questions
6/ Douter de la valeur des réponses qui sont proposées et exiger une démonstration avec des preuves.
7/ Ne pas répéter ce qu'un maître à dit, mais oser contester le maître comme l'ont fait les présocratiques, ainsi que nous pouvons le voir par une énumération rapide.

I. LES TROIS MILESIENS 2°a
Les trois premiers philosophes grecs sont appelés les milésiens, parce qu'ils vivaient non pas en Grèce, mais à Milet, une ville de colon grecs située près d'Éphèse dans ce qui est actuellement la Turquie.
1/ Thalès (-624-548)
Ayant annoncé l'éclipse de soleil du 28 mai de l'année 585 avant le Christ, Thalès est un astronome tellement séduit par les astres qui sont alors considérés comme des êtres divins, qu'il lui est arrivé de tomber dans un puit pour avoir regardé vers le haut au lieu de regarder devant lui !.Il est le premier à prétendre savoir ce qu'il y a au-delà  de la diversité apparente des êtres physiques : "TOUT est EAU".
2/ Anaximandre (-610-545)
Disciple de Thalès, il ne se contente pas de la répéter. D'après lui, tout est "apeiron", mot grec que les spécialistes traduisent différemment : infini - indéfini- indéterminé.
3/ Anaximène (-586-526)
Disciple d'Anaximandre, lui aussi propose une autre solution : "TOUT est AIR".

II. PYTHAGORE (-578-500) 2°a
De l'île de Samos, à l'ouest d'Éphèse, Pythagore doit fuir vers ce qu'on appelle alors la "Grande Grèce", c'est à dire le sud de l'Italie actuelle et la Sicile.
Sa réponse est "Ce qu'il y a de plus profond en tout ce sont les NOMBRES - LE RYTHME ET LA MUSIQUE".
C'est lui qui ayant rappelé que "Dieu seul est sage", a proposé de parler de "philosophes" "quêteurs de sagesse" pour les hommes. Lui même est entouré d'une vénération presque divine.
Encore de nos jours des sectes ésotériques prétendent transmettre son enseignement secret.
Ceux qui veulent rêver de faire partie d'une élite initiée ont là une piste parmi d'autres ! Sur le marché des croyances les plus fantaisistes, on n'a que l'embarras du choix.

III. HÉRACLITE (-567-480) 2°a
Pour ce philosophe d'Éphèse, comme pour les autres, il est difficile de présenter un texte en étant certain qu'il est de lui. A la question ontologique "Qu'est-ce qui existe vraiment ?" sa réponse est célèbre : "Panta rei", Tout coule ou "Tout tourne". Dans ces fleuves toujours les mêmes, d'autres et d'autres eaux surviennent". "L'eau de mer est mauvaise pour l'homme et bonne pour le poisson".
Ces citations dont les traductions varient, inspirent un certain relativisme, mais il ne faut pas en conclure qu'il est athée. "Ce que pense Dieu d'une chose est différent de ce qu'en pensent les hommes qui ne sont jamais d'accord entre eux. La voie de Dieu est la seule sage".

IV. LES ÉLÉATES 2°a
On appelle Éléates trois philosophes qui ont enseigné à ELEA, une colonie de grecs établis non plus en Turquie, mais au sud de Naples, en Italie actuelle.
- Au lieu de réalité matérielles, mobiles et multiples il n'y a d'après eux qu'une réalité spirituelle, immobile et unique.
Le matérialisme, la mobilité et la multiplicité sont illusoire. Y a-t-il dans cette conviction une influence de l'hindouisme et de l'advaita ? Cela a un intérêt pour les spécialistes
Ce que nous pouvons garder en mémoire, c'est que nous avons désormais deux ontologies opposées : le matérialisme et le spiritualisme moniste.
Voici les trois noms de ce "monisme". (= une seule réalité, du grec : monos)
1/ Xénophane (-570-480)
Les spécialistes ne sont pas d'accord sur ce qu'il a dit. Il aurait  méprisé les sportifs des Olympiades, les polythéistes parmi lesquels il compte Homère... D'après lui, autres les apparences, autre la réalité.
2/ Parménide (-530-455).
D'après un dialogue de Platon, Socrate, alors jeune, aurait rencontré Parménide de passage à Athènes : "Il m'apparut alors avoir une profondeur absolument sublime" dit Socrate avec un peu d'ironie sans doute...
Une question de Parménide montre qu'il refuse la possibilité de l'existence d'un être vraiment nouveau : "Comment dans la suite du temps pourrait parvenir à l'existence (un nouvel) être ?". Il ajoute à cette question une constatation, "l'être touche l'être, tout est plein d'être". Et on peut en arriver ainsi en ignorant la distinction des êtres, à l'existence d'un être immobile, spirituel et unique. C'est le monisme panthéiste.
3/ Zénon d'Elea (-490-430)
(Comme le fondateur du stoïcisme s'appelle également Zénon, il faut préciser leur origine).
Le disciple de Parménide, pour appuyer la négation du mouvement en montre l'impossibilité théorique. Tout mobile peut atteindre un point donné doit tout d'abord arriver au milieu de son parcours, puis au milieu de la 2ème partie; puis au milieu du reste de la distance...
Il suffit de diviser théoriquement la distance à  l'infini pour prouver (contre l'évidence des sens) que le mobile n'arrivera jamais au bout de la ligne.
A ce raisonnement on peut répondre :  - en prouvant le mouvement en marchant,
                                                           - en distinguant l'infini et l'indéfini
                                                           - en rappelant que le voyage et la ligne sont des "idées", que le mouvement n'est qu'une qualité du voyageur.
Et tirer une conclusion générale. Toute défiance exagérée envers les sens, toute confiance trop grande dans le raisonnement peut aboutir à l'absurde. Cette leçon pourrait suffire à juger Kant et ses successeurs...

V. DÉMOCRITE (-460-360) d'Abdère 2°a
Disciple de Leucippe, il propose une solution moyenne, la troisième.
- Tout est matière mouvante et multiple disent les uns.
- Tout est esprit immobile et unique disent les autres.
- Troisième solution : Tout est composé d'atomes qui eux ne changent pas et ne peuvent être divisés. Ce que nous percevons comme un changement ce sont des assemblages et des séparations d'atomes selon "LA NÉCESSITÉ". Cette variation d'assemblages produits des êtres matériels, des esprits, des dieux.
Cette théorie, comme les précédentes sera reprise tout au long des siècles et est imprimée de nos jours. Elle consiste à expliquer l'ordre par le désordre !

VI. ANAXAGORE (-500-428) de Clazomène 2°a
Nous avons omis plusieurs noms que l 'on peut trouver dans les manuels spécialisés et nous terminons par un philosophe qui POSE UNE NOUVELLE QUESTION, non plus la composition du monde, mais l'origine de l'ORDRE qui y règne : "Toutes choses étaient confondues. L'ESPRIT (en grec "NOUS") survint et les ordonna en les séparant". (on se sent très proche du  premier chapitre de la Genèse).

VII. LES SOPHISTES 1°
Alors que les philosophes mentionnés jusqu'à présent s'occupent surtout d'ONTOLOGIE (2°), ceux qu'on appelle les Sophistes s'en tiennent à  la question  préalable de l'
ÉPISTEMOLOGIE (1°).
"Peut-on atteindre la vérité ?". Si on en croit Platon et Aristote beaucoup de professeur de philosophie de cette époque prétendaient qu'on ne pouvait connaître la vérité. Une preuve en étant donnée par la diversité des opinions que nous venons de mentionner. Une conclusion pratique était d'apprendre à développer des arguments pour défendre ses intérêts devant une assemblée.
Il faut cependant remarquer au passage que certains de ces "sophistes" ont eu le mérite de démocratiser l'enseignement de la philosophie en proposant des cours payants.
Trois noms méritent d'être mentionnés :
- PROTAGORAS D'ABDÈRE (-485-410) "L'homme est la mesure de tout".
- GEORGIAS DE LEONTIUM (-487-380)  Si jamais quelqu'un aboutissait à une certitude, il ne pourrait la communiquer.
- PRODICOS DE CEOS (-470-399)  Xénophon (Mémorables 2.1.21-34) lui attribue le célèbre Apologue ou récit sur le choix d’Héraclès entre la Vertu et le Vice.

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