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Occam
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Pour comprendre la réaction d'Ockham, il faut
prendre conscience que beaucoup de professeurs de philosophie à cette époque, ne
proposent plus du tout une réflexion sur la recherche du bonheur réel, mais des
discussions incessantes sur des mots sans contact avec la réalité quotidienne.
Né en Angleterre, le franciscain Guillaume d'Ockham apparaît très vite comme un esprit
clair, critique, audacieux. Avant même d'avoir pu conquérir ses grades
universitaires, il est accusé d'hérésie. Il se réfugie auprès de
l'empereur et commence à écrire des livres contre les papes d'Avignon.
Mais ce qui nous intéresse dans cette Histoire
de la Pensée, ce ne sont pas ces disputes entre Princes de la Renaissance, mais
les prises de position d'OCKHAM en épistémologie. Le lecteur qui l'aurait
oubliée pourra relire la troisième partie de l'épistémologie
1c et intitulée : "Rapports des concepts avec la réalité". Après avoir lu la
question et les trois réponses nous pouvons comprendre les conséquences de la
première réponse : le nominalisme d'OCKHAM. Seuls les individus existent
réellement. Les genres, les espèces, l'essence, l'existence, l'intellect agent,
toutes ces "inventions" de la philosophie ne sont que des noms ("nomen" en latin
d'où le nom de nominalisme).
"L'homme en général", sans précision de sexe et
d'âge n'existe pas. On ne peut rien en dire.
N'existe que Pierre et Paul et des individus très différents.
Les idées générales ne sont que des mots, du déplacement d'air. Ce refus de
toute valeur des idées générales ruine toute la philosophie. Il n'y a plus
d'ontologie ni d'éthique possibles. Cette épistémologie est suicidaire. Comment
sortir de cette impuissance de l'intelligence ?
- faire confiance aux expériences :
cette attitude va favoriser la naissance de la science.
- pour le reste donner toute la place
à la foi. Nous entrons dans le fidéisme : il n'y a rien de valable en dehors de
la foi. Ce sera l'attitude de Luther, un des disciples d'Ockham.
2° Mais au lieu de
lire tout l'Évangile, l'accent est mis sur la toute-puissance de Dieu. Un des
disciples d'Ockham, le cistercien Jean de Mirecourt, prétend même que Dieu
pourrait faire que le monde n'ait jamais existé. (ontologie)
3° En éthique, même excès. Ce sont les
commandements de Dieu qui comptent. Dieu aurait pu rendre obligatoire le vol et
l'adultère... Plus rien de rationnel.
4° en politique n'existe que les individus. L'ordre
franciscain lui aussi n'est qu'un mot. Quant aux individus qui se disent
franciscains, qu'ils deviennent pauvres...
CONDAMNATION ET SUCCÈS
Ockham est condamné en 1339. Mais ses idées rencontrent un grand succès dans
toutes les Universités... Ses disciples ont l'impression d'être "libérés" grâce
à une simplification générale. Ses idées sont considérées comme la voie moderne
"via moderna" (1361 ORESME). Les idées anciennes sont la "via antiqua".
Trop peu "d'Histoire de la Pensée" donnent l'importance qu'elle mérite à cette
"révolution épistémologique" d'Ockham. Désormais les idéologies dominantes vont
se succéder et vont presque toutes s'accorder sur un point : l'intelligence
humaine ne peut atteindre la réalité métaphysique ! mais on peut se consoler en
constatant que cette destruction de la philosophie va permettre à la science qui
lui était soumise de conquérir son autonomie. Plus tard, la science va enfanter
la technique.
La technique enfantera l'économie moderne qui va multiplier les besoins (grâce à
la publicité en multipliant par le fait même les insatisfactions...). Mais une
fois de plus, nous allons trop vite. Il nous faut d'abord assister à la
naissance de la science.
suite PC chap. 7-2
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