I. PREMIÈRE INCULTURATION
Même si en Théologie, tout le Nouveau Testament
et même toute la Bible est considérée comme Parole de Dieu, même si les lettres
de Paul sont antérieures à la dernières rédaction des Évangiles, on peut les
considérer comme une première expression culturelle de la révélation
évangélique.
PAUL DE TARSE
Des bibliothèques entières sont consacrées à Paul et à ses épîtres. Pour lui,
comme pour d'autres auteurs importants, cette initiation ne donne que quelques
lignes d'introduction.
- Passionné lorsqu'il était adversaire de la foi au Christ, passionné
lorsqu'il est converti par Jésus et lui consacre toute sa vie.
- Paul est différent des apôtres par sa triple culture, biblique, grecque et
romaine.
- Il insiste successivement - sur l'espérance eschatologique (dans les
Thessaloniciens)
- sur la gratuité du salut (en Galates et Romains.)
- sur la seigneurie universelle du Christ (en Colossiens et Éphésiens.)
- sur la sauvegarde du dépôt de la foi et l'organisation des communautés
(Timothée, Tite.)
- Il passe de l'optimisme face à la philosophie Actes 17/18-28, au pessimisme
1Cor 1/20-23, au réalisme Rom 1/19-21.
Puisque d'innombrables études lui sont consacrées, quelques termes pauliniens
correspondant à nos cinq questions peuvent suffire pour suggérer une rechercher
personnelle :
Les épîtres de Paul
1° Épistémologie : "caché, révélé" Eph. 3/2-6
2° Ontologie : "Par lui et pour lui"
Col 1/15-16
Anthropologie : "Fils adoptifs" Eph. 1/5
"esprit, âme, corps" 1 Thes 5/23
3° Éthique : "sauvés par
pure grâce vous n'y êtes pour rien" Rom 3/23-24; Eph. 2/8, mais aussi
"combat", "effort" Rom. 7/18-24; Eph. 6/11.
4° Société : Philémon, 16ème
verset "non seulement en tant que chrétien mais même en tant qu'homme", verset
le plus révolutionnaire du Nouveau Testament.
5° Eschatologie : Paul élabore une doctrine qui lie la mort et la résurrection de
chaque homme à celle de Jésus, à la mort et la résurrection intérieur du
baptême. Rom. 6/1-12 et la résurrection finale 1Cor.15
INFLUENCES GRECQUES
Nous pouvons nous adresser aux spécialistes pour déceler l'influence de la
culture grecque sur les procédés littéraires de Paul : les diatribes, le goût de
l'antithèse, etc...
Autre question très étudiée. Le mot grec "LOGOS" traduit par Verbe ou plutôt par
PAROLE dans le premier chapitre de Jean fait-il allusion à Gen 1, Prov 8/22,
Sagesse 7/2 ou au Logos de Platon, de Plotin, des Stoïciens ???...
Une première initiation ne peut que situer les questions et les noms importants.
On est tenté de signaler avec le Nouveau Testament des textes qui furent parfois
mentionnés dans la liste canonique des textes inspirés.
LA DIDACHE ou doctrine des apôtres (100) (voir Office des lectures 14ème
mercredi).
CLÉMENT DE ROME (100) (30-6)
PASTEUR D'HERMAS;
Mais avant de poursuivre l'énumération, il faut quand même signaler que
l'évangile ne fut pas accueilli par tous.
II. TROIS
RÉACTIONS GRECQUES À LA RÉVÉLATION ÉVANGÉLIQUE
Même si une conviction a été clairement annoncée, même si la Révélation
évangélique est présentée comme la réponse surabondante aux questions
philosophiques, une "Histoire de la Pensée" doit mentionner les oppositions à
cette Révélation.
Ces oppositions occuperont une assez grande place dans la Période Moderne mais
elles se manifestent également au début de la Seconde Période.
On peut d'ailleurs distinguer trois réactions : le refus, le mélange, la
foi.
1. Le refus
Trois auteurs parmi ceux qui trouvent des motifs de refus :
- CELSE (son "Discours véritable" est rédigé vers
178)
Il se moque de ces "barbares (les chrétiens) sans patrie, sans raison, sans
tradition, qui rejettent ceux qui ont de la culture et rassemblent les
ignorants".
Ils prétendent qu'un dieu est venu sur terre pour justifier les criminels
"Pourquoi a-t-il attendu tant de siècles ?". "Un tel changement serait indigne
d'un dieu". "Si tous les hommes agissaient comme les chrétiens, l'empereur
resterait seul face aux barbares".
- PORPHYRE (232-305) (PP7-V,4)
Que nous avons mentionné dans le cadre de la Première Période se moque de Jésus.
"Pourquoi , conduit devant le gouverneur, le Christ n'a prononcé aucune parole
digne d'un homme divin au lieu de se laisser insulter... N'est-il pas ridicule
d'imaginer un homme montant au ciel comme un oiseau ? Les récits de la
passion se contredisent. Le baptême encourage les vices. Les chrétiens se
divisent en sectes".
- L'empereur MARC AURÈLE, que nous avons déjà cité également, critique "la pure
opiniâtreté combative des chrétiens". (PP7-
3)
2. Le mélange syncrétiste et hérétique
Une deuxième attitude grecque face à la Révélation évangélique consiste à en
prendre des éléments pour les mêler à une "philosophie" en rejetant une partie
de l'Évangile . Cette attitude comme les deux autres seront bien sûr adoptées au
long des siècles comme l'a montré le père LE GUILLOU "Le mystère du Père" Fayard
73.
- Il y a le syncrétisme, mot qui signifie dans le domaine religieux le mélange
d'éléments contradictoires venus de religions différentes. (PP7)
- Il y a la GNOSE (mot grec qui signifie connaissance) et qui désigne un
ensemble de doctrines religieuses qui privilégient un effort de connaissance
"supérieure et libératrice".
- Il y aura les HÉRÉSIES qui en grec signifie "choix" et qui désignent les
doctrines qui choisissent dans la révélation évangélique ce qui apparaît
rationnel et rejette le surnaturel.
3. La foi
- Celle des martyres a été évoquée dans le troisième chapitre consacré au
contexte historique.
- Il y a la foi des anonymes connue de Dieu.
- Il y a la foi des Pères de l'Église auxquels tout ce chapitre est consacré
III. LA
PATROLOGIE
On appelle Patrologie l'étude des PÈRES de L'ÉGLISE;
1. Ce titre suppose remplies les cinq conditions suivante, en principe :
. l'écrivain est mort dans la foi
catholique et non pas dans l'hérésie.
. son orthodoxie doctrinal est total.
. la sainteté de sa vie est reconnue.
. sa doctrine a été approuvée par
l'Église.
. il a vécu durant les premiers
siècles.
2. Les deux pôles de leur pensée
La pensée des Pères de l'Église a deux pôles : la Bible et la philosophie
grecque.
Plusieurs étaient purement philosophes; ils découvrent les Évangiles et y
trouvent les réponses surabondantes à leurs questions. C'est le cas de Justin
chez les Grecs, d'Augustin chez les latins. Même ceux qui naissent dans un cadre
chrétien connaissent les philosophes grecs (ce qui n'est plus le cas entre 800
et 1200).
3. Grâce à eux, la culture méditerranéenne
reçoit une nouvelle jeunesse.
- l'étude de la Bible va remplacer
celle d'Homère et de Virgile.
- la liturgie va supplanter le
théâtre.
- L'hagiographie remplace le roman.
- la controverse théologique prend le
relais de la dialectique philosophique.
4. N'oublions pas que l'étude séparée des Pères
grecs et des Pères latins que nous allons faire ne doit pas nous faire oublier
que plusieurs sont contemporains. En 366, douze d'entre eux sont vivants : un
syriaque : Ephrem; sept grecs : Athanase, Cyrille de Jérusalem, Grégoire de
Nazianze, Basile, Grégoire de Nysse, Chrysostome et quatre latins : Hilaire,
Ambroise, Jérôme et Augustin.
5. Henri MARROU, un des grands spécialistes des
Pères nous fait remarquer que la plupart d'entre eux :
- appartiennent à l'élite sociale
(sauf Augustin qui y accède par ses études)
- tous ont fait de solides études,
- beaucoup sont tôt influencés par la
foi chrétienne, sauf ceux des débuts
- la plupart ont d'abord une belle
carrière profane. Ambroise d'origine aristocratique est même préfet de Milan !
- tous opèrent une conversion
profonde et radicale et beaucoup deviennent moines,
- tous, sauf Jérôme, acceptent
cependant de renoncer à leur vocation monastique pour remplir le ministère
épiscopal.
Il est possible que l'un ou l'autre lecteur trouve fatigante la lecture
d'une série de nom. A lui de choisir, prendre le temps de comprendre qu'il a
fallu du temps, avant d'en arriver à un sommet de la pensée comme l'est AUGUSTIN
ou passer directement à cet auteur.
suite :
chap.4-2 les Pères Grecs
et
chap4-3.
les Pères Latins
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